2/03/18

La vérité sur le cholestérol

Plus de 6 millions de Français suivent un traitement contre le cholestérol. Le lien admis entre maladies cardiovasculaires et cholestérol a été dénoncé tout récemment par d'éminents professeurs de médecine. Le cholestérol est-il l'ennemi n°1 dans la prévention des pathologies cardiaques ? Les médicaments censés le combattre sont-ils d'une réelle efficacité ?

Le cholestérol, dangereux ou innocent ?

Début 2013, le professeur Philippe Even a publié un livre choc, sujet de vives polémiques : "La vérité sur le cholestérol". Le très médiatique pneumologue, par ailleurs patron de l'Institut Necker, y dénonce la thèse selon laquelle le cholestérol serait un boucheur d'artères, à l'origine de maladies cardiovasculaires. Pour lui "le cholestérol est sans danger et l'infarctus ne tue guère après 75 ans". Le lien entre cholestérol et athérome serait infondé, les causes métaboliques des maladies cardiovasculaires étant trop complexes pour incriminer le seul cholestérol. Il va plus loin en affirmant qu'il n'y a pas de mauvais cholestérol, le LDL cholestérol qu'on associe au risque cardio-vasculaire à l'inverse du "bon" cholestérol (HDL cholestérol).

La contre-attaque est venue de confrères, médecins et chercheurs, qui se sont élevés contre des propos qui mettent en jeu la sécurité des patients. Ils rejettent en bloc l'argument marketing qui ferait du cholestérol une molécule indispensable à la vie. Ils s'accordent sur un point : les maladies cardio-vasculaires sont en partie dues à des facteurs modifiables comme le tabagisme, le diabète, l'hypertension, la mauvaise alimentation et la sédentarité. 

Avant le Pr Even, Michel de Lorgeril, cardiologue et chercheur au CNRS, avait écrit en 2008 un livre* à destination du grand public démontrant que la lutte contre le cholestérol est fondée sur des données statistiques erronées, voire manipulées, et que les seules données scientifiques vérifiables ne sont pas exploitées. L'existence d'un bon et d'un mauvais cholestérol est pour lui une pure fiction, et la théorie "cholestérol bas, risque faible" une succession d'hypothèses sans validation scientifique. Difficile de mettre en doute la parole de ce chercheur rigoureux, grand promoteur de la diète méditerranéenne, mondialement connu pour ces travaux sur l'infarctus et les acides gras type oméga-3.

Les médicaments contre le cholestérol coûtent 1,5 milliard d'euros à la Sécu.

Les statines, efficaces ou dangereuses ?

Sur la base d'idées obsolètes, les laboratoires pharmaceutiques auraient baladé les médecins et l'opinion publique pour faire admettre la prétendue utilité des statines dans le traitement de l'athérosclérose. Les statines ont pour rôle d'empêcher le "mauvais cholestérol" d'atteindre les artères en le dirigeant vers le foie qui va l'éliminer. Les cardiologues se sont mis à en prescrire à la pelle : près de 7 millions de Français en avalent chaque jour, 2 fois plus que partout ailleurs ! 

Selon le Pr Even, ces médicaments ne feraient baisser la mortalité liée aux troubles cardiovasculaires que de 0,3%. Un bénéfice trop faible au regard des nombreux effets secondaires que les statines engendrent chez 10% des patients : douleurs musculaires, insomnies, migraines, œdèmes, problèmes de mémoire, altération du muscle cardiaque, etc. Les statines seraient "biologiquement efficaces, mais cliniquement sans bénéfice pour les malades". Le cholestérol ne serait pas un facteur de risque d’athérosclérose, mais un simple indicateur.

Déjà en 2008, le docteur de Lorgeril balançait la collusion entre laboratoires et médecins experts qui conduit des millions de Français à prendre des médicaments inutiles. Pour lui, le cholestérol n'est pas responsable des pathologies cardiaques. Dans son ouvrage, il identifie les vraies causes de l'infarctus et offre une réponse préventive par l'alimentation.

Le débat sur le cholestérol et l'utilité des statines ne fait que commencer. La marche vers la vérité sera longue, la recherche constante dans ce domaine permettra de faire évoluer la connaissance et de mettre au point de nouveaux traitements et de nouvelles stratégies de prévention pour réduire les accidents cardio-vasculaires. Il ne nous appartient pas ici de prendre partie, mais d'informer sur un sujet brûlant qui concerne une personne de plus de 50 ans sur deux.


*Cholestérol, mensonges et propagande de Michel de Lorgeril (1ère édition en 2008, réédité en 2016)


Gerard Mihranyan

Par , le vendredi 2 mars 2018


Partager cet article :