17/03/21

Assurance-vie en 2021 : voir au-delà du fonds en euros

Fonds en euros : des taux 2020 attendus en baisse

Les taux des fonds en euros seront dévoilés progressivement au début de l’année 2021, au titre de la rémunération des capitaux placés au cours de l’année 2020.

Sauf surprise, les taux 2020 devraient avoisiner 1,2%, en légère baisse par rapport au taux 2019 (1,4%). Pour mémoire, le taux moyen des fonds en euros atteignait 3,4% en 2010!

Cette baisse de rémunération, presque constante depuis plus de 10 ans, est liée à la chute des rendements des obligations à long terme, dans un contexte où la Banque Centrale Européenne cherche à diminuer le coût de financement des emprunteurs en maintenant les taux très bas pendant une longue période.

En outre, l’année 2020 a été très volatile et les poches de diversification dans l’immobilier ou les produits structurés, qui viennent généralement doper les performances des fonds en euros, ont pu être éprouvées et ne pas contribuer aux résultats cette année.

Enfin, face à une pression prudentielle toujours élevée, les assureurs seront légitimement tentés d’utiliser une bonne partie des résultats pour garnir leurs réserves plutôt que de les distribuer aux épargnants.

Peu d’améliorations sont à prévoir dans ces domaines mais inutile de paniquer : voici 3 pistes pour y faire face en 2021.

L’allocation stratégique, clé de la performance à long terme

Le fonds en euros offre un avantage inégalé dans le monde des placements : un capital garanti à 100% et une rémunération bien supérieure à celle du livret A.

Aujourd’hui, le capital est de moins en moins garanti (certaines offres d’assurance-vie ne promettent qu’une garantie partielle), tandis que sa rémunération nette devient proche de celle des livrets.

Le temps du fonds en euros roi de l’assurance-vie est-il révolu ? Peut-être. Mais l’assurance-vie ne se résume pas au fonds en euros !

Même avec un profil conservateur et averse au risque, on peut s’inspirer de ce que font les épargnants des autres pays. Car, on l’ignore souvent, mais le fonds en euros est une spécificité française...

Alors, comment fait-on ailleurs ?

D’abord, on a appris à dédramatiser la prise de risque. Une fois l’épargne de précautionconstituée (la part qui doit rester immédiatement disponible et absolument sans risque), il est sain et nécessaire d’accepter une part de volatilité, c’est-à-dire de variation de la valeur de ses placements. C’est la contrepartie naturelle de la rémunération des capitaux placés.

En assurance-vie, c’est l’investissement en unités de comptes qui joue ce rôle.

Les unités de compte permettent d’investir sur de multiples classes d’actifs, les deux principales étant les actions, disposant d’un potentiel élevé mais d’une volatilité forte, et les obligations, plus conservatrices, utiles pour sécuriser le capital et moins pour générer de la performance.

Entre les deux, tout est histoire de proportions. Quel poids accorder aux placements risqués ?

On parle souvent de la règle de “100 moins notre âge” : elle peut servir de premier guide. Un épargnant de 40 ans pourrait ainsi placer 60% de son capital en actions et 40% en obligations ou en fonds en euros. C’est une version très simplifiée de ce que l’on appelle dans le jargon financier l’allocation stratégique.

En pratique, tout dépend de sa propre tolérance au risque, de la stabilité de ses revenus, de ses charges de famille, de ses projets de vie… on parle alors de profil de gestion.

L’idée principale est que la prise de risque est personnalisable : elle n’est pas binaire. Quitter le fonds en euros ne signifie pas risquer l’intégralité de son capital en bourse !

Les ETF : réduire les coûts pour améliorer la performance

Une fois l’allocation stratégique définie, il faut la mettre en place.

Choisir les bons supports financiers n’est pas une mince affaire.

Il n’y a pas un unique fonds d’actions et un unique fonds d’obligations, mais des milliers. Comment choisir ? Oubliez les performances passées, qui ne parlent que du passé.

Le principal prédicteur de la performance à venir est surtout… les frais ! La piètre performance est surtout causée par les frais, et en premier lieu les frais de gestion. Ils jouent le rôle d’un boulet en amplifiant les baissent tout en limitant les hausses.

Le meilleur moyen de réduire ces frais, c’est d’investir en ETF indiciels, des supports de placement qui permettent de s’exposer à un pan entier du marché (les actions américaines, les obligations d’État européennes…) à moindre coût.

L’investissement en ETF indiciel part du principe qu’il est vain de sélectionner individuellement les actions et obligations qui doivent entrer en portefeuille. Une stratégie plus efficace est d’acheter l’intégralité des titres composant un indice boursier, économisant au passage les frais d’analyse, et bien d’autres choses encore.

Et cela fonctionne : grâce à cette approche simple et peu coûteuse, la gestion en ETF indiciels fait de meilleures performances que 90% des gérants, à risque équivalent ou inférieur grâce à une plus grande diversification.

Rappelons que la performance est la contrepartie du risque. Puisque l’humain est en général averse au risque, l’idée est de ne jamais prendre de risques “pour rien”. Autrement dit, si l’on s’expose sur un placement risqué, il doit fournir une rémunération suffisante pour compenser le tracas causé par sa volatilité. Réduire les frais pour augmenter la performance est donc un moyen de s’assurer que l’on obtient bien la juste contrepartie du risque pris.

Ce n’est pas une surprise si les gérants institutionnels (caisses de retraite, fonds de pension, fonds souverains) basculent année après année leurs capitaux vers les ETF indiciels...

Construire un portefeuille d’ETF : déléguer ou faire soi-même ?

Assembler un portefeuille d’ETF peut sembler assez simple. En pratique, de nombreuses contraintes se posent. D’abord la sélection des ETF. Tous ne se valent pas, et une solution trop globale peut surexposer à des zones géographiques ou des secteurs peu cohérents avec le profil de l’investisseur.

Se pose aussi le problème du référencement : dans les offres grand public, les assureurs qui présentent une palette suffisante pour offrir une diversification adaptée sont encore rares. Enfin, les coûts d’exécution sont souvent plus élevés que sur les unités de comptes gérées activement, afin de compenser la moindre rentabilité des ETF pour l’assureur.

Les sociétés de gestion spécialisées dans la gestion indicielle permettent de passer outre ces inconvénients. Elles disposent d’un accès dédié à une large palette d’ETF et du savoir-faire pour sélectionner et construire des portefeuilles efficaces à base d’ETF.

Outre le gain de temps, déléguer permet aussi de se protéger de soi-même. Selon les spécialistes de la finance comportementale, le mauvais comportement de l’investisseur individuel cause un manque à gagner à long terme énorme : entre 1 à 5 % par an!

En période troublée, nombreux sont les investisseurs peu accompagnés qui craquent au premier coup dur, et se privent de la performance à long terme des marchés. Déléguer, c’est aussi tenir bon. C’est, quelque part, une autre forme de réduction des frais.

En conclusion : vivre sans le fonds en euros est possible !

Le fonds en euros a longtemps été la pierre angulaire des contrats d’assurance-vie, grâce à un contexte qui permettait d’offrir des rendements bien supérieurs à ceux des produits sans risque. Aujourd’hui, ce n’est plus possible, et les épargnants doivent apprendre à s’en passer, du moins partiellement.

Pour continuer d’obtenir une bonne performance à moindre risque, la clé passe par l’allocation stratégique et la réduction des coûts. Les bons outils sont là, il ne reste plus qu’à les apprivoiser !


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